Comment adapter l'environnement?

Pour améliorer la communication, il convient d'adapter également l'environnement.

Tout d'abord, il faut privilégier un environnement calme et prévisible. En effet, les enfants paralysés cérébraux présentent fréquemment une extrême sensibilité aux stimuli provenant de l'extérieur (comme des bruits, des apparitions soudaines...). Ces éléments qui provoquent habituellement un bref sursaut sont exagérément vécus par l'enfant paralysé cérébral: la réaction est considérée comme explosive, la durée dépasse de beaucoup celle du sursaut. La gêne peut être considérable et provoquer un enraidissement général, des chutes...

Selon les cas, cette sensibilité (appelée facteur E) se manifeste:
-par des rires,
-par des pleurs,
-des mouvements incontrôlés,
-des montées toniques avec changement de posture: votre enfant peut sembler se détourner de vous.

Ne vous méprenez pas sur l'interprétation à donner à ces manifestations motrices: elles ne signifient nullement le rejet ou la peine.

Pour limiter ces manifestations, donnez des informations à votre enfant, annoncez-lui ce qui va se passer par la parole ou par le geste ("Regarde quelqu'un arrive", "Attention, je vais te changer"...). Evitez au maximum les situations inattendues.

L'adaptation de l'environnement doit se faire dans le souci de faciliter l'action de votre enfant. Son mouvement doit être facile et lui demander le moins d'efforts possible afin qu'il se concentre plus sur son action que sur la réalisation de celle-ci.

Avant de faciliter l'action, on doit avoir inhibé au maximum la pathologie motrice (voir "Comment trouver la bonne installation pour communiquer?").  Dans les activités de communication réceptive (l'enfant n'a pas à agir, il vous regarde), vous veillerez à installer l'enfant dans une posture qui limite l'inconfort et la douleur et qui lui permette d'avoir un regard horizontal pour faciliter les interactions. Pour les activités actives et volontaires, il est essentiel d'observer votre enfant pour identifier les stratégies qu'il met en place pour se déplacer, attraper un objet... Certains enfants ont besoin d'un recours à l'asymétrie ou d'un passage par l'extension pour être actif. Il convient de limiter ces stratégies pathologiques mais on est parfois tenu de les respecter quand c'est le seul moyen pour que l'enfant s'exprime correctement.

L'adaptation de l'environnement demande parfois beaucoup de moyens techniques (fauteuils, siège coquille, attelles...) mais quelques adaptations "artisanales" peuvent être très efficaces (de simples coussins plus ou moins rigides, des serviettes roulées en boule...). Voici quelques adaptations qui peuvent améliorer la mobilité de votre enfant, choisissez la position dans laquelle les attitudes pathologiques de votre enfant sont le mieux corrigées:

Couché ventral

Placez un coussin, un rouleau ou une serviette en boule sous les aiselles de votre enfant. Cette adaptation permet de maintenir ses bras en avant et l'aide à redresser sa tête. Votre enfant est autonome pour jouer, vous pouvez vous placer face à lui et l'encourager à jouer, à vous lancer un ballon...
Si les jambes sont hypotoniques, des coussins de chaque côté permettent de les maintenir jointes.

A l'inverse, vous pouvez maintenir écartées des jambes rigides à l'aide d'un oreiller placé entre les jambes. La surélévation par rapport au sol permet l'appui des mains et la manipulation.
La "sangle" présente sur l'image au niveau des fesses permet d'étendre les hanches et stabilise votre enfant.

Couché latéral

Cette position permet à votre enfant de voir ses mains et ses jouets. Un coussin est glissé sous sa tête. La main libre doit être la plus mobile.Le rouleau placé derrière lui permet un appui vers l'arrière. La jambe supérieure est fléchie et appuyée sur un coussin ce qui évite la pression d'une jambe sur l'autre et relâche son corps.

Couché dorsal

Les coussins au niveau de sa tête et de ses épaules permettent un enroulement sur l'avant et limite l'extension. Le rouleau sous ses genoux permet la flexion, ceci empêche son corps de devenir rigide et raide.


Position assise



Une serviette enroulée autour de la taille d'un enfant qui a du mal à redresser son tronc permet une autonomie dans la position assise et amène les bras sur l'avant.






Chez l'enfant plus grand, en fonction de chaque problème rencontré apportez une adaptation:
-S'il chute sur l'avant, utilisez une tablette qui l'entoure
-S'il glisse hors de sa chaise, utilisez une sangle qui exerce une pression vers le bas et l'arrière
-Si ses hanches sont trop en extension, glisser un coussin triangulaire sous ses cuisses (en noir sur le dessin)
-Si ses jambes sont trop en extension et qu'il arrive pas à poser ses pieds à plat, installez un cale-pied
-Si les mouvements de l'enfant éloignent constamment la table, attachez-la à la chaise
-S'il a tendanceà avoir des mouvements brusques et à faire tomber les jouets, réhaussez les bords de la table et attachez les jouets à l'aide d'un fil
-S'il est très hypotonique, rehaussez la table...

Dans chaque situation de vie, essayez d'adapter l'environnement de votre enfant. Voici quelques exemples:
Pour l'alimentation, on adapte les couverts, les aliments, les textures, les températures...
Lorsque l'enfant est capable de désigner, on s'assure que les objets qu'on lui présente sont suffisamment écartés les uns des autres pour que la désignation soit fiable.
Pour les jouets, on choisit des objets faciles à saisir ou on les adapte en fixant par exemple des poignées. Pour les moins bricoleurs d'entre vous, certains jouets sont conçus spécialement pour vos enfants (HopToys, Ludilhand...).

L'adhésion à une association de parents peut vous aider à échanger des astuces entre parents.

Les dessins présentés dans ces rubriques sont issus de la publication de la World Health Organization (1993) «Comment favoriser le développement du jeune enfant infirme moteur cérébral », à consulter ici.